vetfutursfrance.fr

Réussir l’entrée en école vétérinaire après un BTS ou BUT : le guide de l’admission parallèle

27 octobre 2025

La filière vétérinaire, longtemps jugée fermée… s’ouvre (enfin) aux profils issus de BTS et BUT

En France, le métier de vétérinaire a longtemps été associé à ce qu’on appelle la « voie royale » : un parcours scientifique linéaire, souvent via la prépa BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre) puis le concours A. Mais depuis une quinzaine d’années, le paysage s’est diversifié. Les admissions parallèles – c’est-à-dire les possibilités d’intégrer une école vétérinaire après d’autres études – offrent une seconde chance (ou une première à part entière) à des profils venus de filières technologiques courtes comme les BTS (Brevet de Technicien Supérieur) ou les BUT (Bachelor Universitaire de Technologie, anciennement DUT). Ce changement répond à une double exigence : diversifier le recrutement, et valoriser l’expérience de terrain.

Pour celles et ceux qui, après l’obtention d’un BTS ou d’un BUT, rêvent de rejoindre les bancs d’une école vétérinaire, le chemin n’est pas fermé – mais il mérite d’être bien compris. Car entre réglementation, sélection, niveaux d’exigence et réalités du terrain, l’admission parallèle ne se résume pas à un simple « passerelle ».

Comprendre les voies d’accès parallèles aux ENV pour BTS/BUT : un système sélectif mais accessible

Les Écoles Nationales Vétérinaires (ENV) – on en compte quatre en France (Alfort, Toulouse, Lyon, Nantes) – proposent chaque année, aux côtés des concours traditionnels, des voies d’accès parallèles. Ces admissions spécifiques sont pensées pour attirer des candidats ayant déjà prouvé leur motivation et acquis des compétences techniques solides. Les chiffres du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) montrent que ces voies, bien que minoritaires (environ 15% des places offertes en première année), voient leur attractivité croître chaque année (Source : vet-agro-sup).

Quelles filières sont concernées ?

  • BTS Agricoles « A » : Productions animales, analyses agricoles, gestion et maîtrise de l’eau, biotechnologies…
  • BUT Biologie ou Agronomie : Spécialités liées au vivant et à l’agroalimentaire.
  • D’autres diplômes peuvent être éligibles selon l’arrêté ministériel annuel ; il est essentiel de s’informer sur les arrêtés en vigueur chaque année (Ministère de l’Agriculture).

Les candidats doivent avoir validé leur diplôme au moment de la candidature, avec la plupart du temps une condition de mention (notamment pour les BTS, où une mention « Bien » est attendue – mais cela dépend du nombre de candidatures et de la sélection annuelle). Les établissements signalent une attention particulière à la cohérence du parcours, à l’expérience professionnelle et aux stages effectués pendant les études courtes.

Le concours C « voie technologique » : clé de voûte de l’admission parallèle

L’accès principal pour les étudiants de BTS ou BUT vers les ENV françaises est le concours C (ou parfois le concours C2, selon les années). Ce concours, distinct du très sélectif concours A (étudiants de prépa ou licence scientifique), repose sur des attendus spécifiques qui valorisent les acquis professionnels et techniques.

Quelles épreuves ?

  1. Dossier scolaire et expérience : Importance des notes de BTS/BUT, appréciations des stages, cohérence du projet professionnel, lettre de motivation argumentée.
  2. Entretien oral avec un jury : Entretien d’environ 30 à 40 minutes portant sur le parcours du candidat, ses motivations, ses connaissances du métier et de ses réalités actuelles (santé publique vétérinaire, bien-être animal, sécurité alimentaire, etc.). Savoir s’exprimer clairement, argumenter ses choix et montrer sa vision du métier sont fondamentaux.
  3. Épreuves écrites (variable selon l’année/école) : Parfois au programme : épreuves de biologie, de chimie ou de compréhension de texte scientifique.

Le ratio candidats / admis reste élevé : en 2023, pour le concours C, environ 450 candidats se sont présentés pour une quarantaine de places (Source : Ooreka), soit un taux de réussite inférieur à 10%. Ce niveau de sélection s’explique par la volonté de maintenir le niveau scientifique, mais aussi de repérer des profils engagés sur le terrain.

Les attendus fondamentaux

  • Maîtrise des sciences biologiques : la formation de vétérinaire est exigeante. Un BTS ou BUT, même technique, doit permettre d’assurer de solides bases (biologie animale, génétique, microbiologie…)
  • Stage et expérience professionnelle : la démonstration d’un engagement dans le secteur animalier (ex : stage chez un vétérinaire, en élevage, en laboratoire vétérinaire ou en animalerie) est cruciale.
  • Motivation argumentée : il ne s’agit pas de « changer d’avis » sur son orientation, mais de démontrer un projet construit.

Préparation : réussir son dossier, façonner son projet

Comme souvent dans les admissions sélectives, un excellent dossier académique ne suffit pas. Préparer une candidature gagnante implique :

  • Anticiper : s’informer tôt sur les critères du concours, suivre l’actualité vétérinaire.
  • Multiplier les expériences : stages, bénévolats, emplois saisonniers dans des structures liées au soin animal ou à l’agriculture.
  • Valoriser ses compétences transversales : rigueur, gestion du stress, capacité à travailler en équipe.
  • Réaliser une veille sur les enjeux éthiques et sociétaux du métier : législation sur le bien-être animal, débats sur l’usage des antibiotiques, enjeux de la santé publique vétérinaire.
  • S’entraîner aux oraux : certains candidats se préparent avec des professionnels, des coachs spécialisés dans l’orientation vétérinaire, ou via des réseaux d’anciens élèves.

Les organisations étudiantes rappellent que les admissions sur dossier sont sensibles à l’authenticité des parcours – les candidatures « forcées » ou peu réfléchies ont peu de chances.

Quels profils réussissent ? Chiffres, tendances, retours du terrain

Les ENV, dans leurs rapports annuels (VetAgro Sup Lyon), soulignent la diversité des étudiants admis par la voie C. Plusieurs points sont à noter :

  • La majorité des admis ont effectué au moins deux stages en lien direct avec le secteur vétérinaire : élevage bovin, canin/félin, laboratoire, clinique mixte…
  • Le niveau attendu en biologie est élevé : l’autonomie dans l’apprentissage des notions avancées est évaluée lors de l’entretien.
  • Les femmes, représentant déjà 80% des effectifs en ENV toutes voies confondues, constituent aussi la majorité des admis issus de BTS/BUT.
  • La pyramide des âges est légèrement supérieure à celle des étudiants issus des classes prépa classiques : la moyenne d’âge des reçus par la voie C est de 22-23 ans, contre 19-20 ans pour la voie A (Le Point, 2022).

Un point clé : bon nombre d’admis avaient, dès le début de leur BTS/BUT, construit leur projet vétérinaire, multipliant les contacts avec des professionnels du secteur et personnalisant leurs stages dans des structures en lien avec le métier.

Une intégration intense : défis et particularités après la réussite du concours

Relever le défi de l’admission ne signifie pas que le plus dur soit passé : l’intégration en ENV demande un vrai « saut de niveau ». Plusieurs facteurs peuvent amplifier ce choc d’entrée :

  • Volume de travail : l’écart entre la charge d’études en BTS/BUT et celle imposée par le cursus vétérinaire (cours magistraux, tutoriels, stages hospitaliers, travaux pratiques, participation à des urgences…) peut surprendre.
  • Rattrapage en sciences fondamentales : les étudiants issus de BTS/BUT doivent parfois fournir un effort supplémentaire en biologie intégrative, physiologie animale ou pathologie générale, matières où les prépas scientifiques bénéficient souvent d’une avance.
  • Solidarité et accompagnement : Les ENV développent des dispositifs de tutorat pour limiter le décrochage, et valorisent la démarche collaborative.

Des réseaux de « parrains » et d’anciens admis par la voie BTS/BUT jouent un rôle clé, partageant outils, conseils méthodologiques et encouragements. Selon une enquête menée en 2023 par l’Association des étudiants vétérinaires de Nantes, 77% des étudiants passés par la voie C ont estimé que le tutorat les avait « nettement aidés » au cours de leur première année.

Perspectives professionnelles : une plus-value sur le marché de l’emploi ?

Les employeurs apprécient la technicité acquise lors des BTS/BUT et la démarche volontaire des candidats qui ont « franchi la barrière » du concours C. Certains secteurs – industries agroalimentaires, inspection sanitaire, secteur public – valorisent spécifiquement ces profils au parcours diversifié.

À la sortie de l’école, les taux d’insertion professionnelle ne diffèrent pas significativement selon la voie d’admission. Néanmoins, un passage par un BTS/BUT apporte souvent un esprit terrain et une rigueur pratique précieuse dans des fonctions transversales (laboratoires, santé publique, conseils en élevage, etc.).

Aller plus loin : conseils pratiques, ressources et évolutions attendues

  • Consultez le site veto-ecoles.fr : calendrier annuel des concours et fiches témoignages.
  • Rapprochez-vous des associations étudiantes : elles organisent souvent des échanges ou des journées portes ouvertes.
  • Le service orientation de l’ONISEP (https://www.onisep.fr/) publie chaque année une fiche sur les parcours possibles après BTS/BUT pour devenir vétérinaire.
  • Enfin, rester attentif à l’évolution des quotas et critères, car les ENV souhaitent renforcer chaque année cette diversification des profils.

La voie parallèle, loin d’être une « voie de garage », apparaît de plus en plus comme un atout pour le futur de la profession vétérinaire française. En ouvrant ses portes à des étudiants venus d’autres horizons, le monde vétérinaire s’enrichit d’expériences et de savoir-faire concrets. Ce chemin exigeant – mais possible – pourrait, dans les années à venir, devenir une filière à part entière, au cœur d’un métier en pleine mutation.

Pour aller plus loin

En savoir plus à ce sujet :