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Bâtir son accès aux écoles vétérinaires françaises : concours, parcours et stratégies de préparation

24 octobre 2025

Une ambition qui se construit : pourquoi les concours vétérinaires gardent-ils leur spécificité ?

L’admission dans une école nationale vétérinaire (ENV) française est une aventure intellectuelle, humaine et parfois émotionnelle. La concurrence y est connue pour être rude. Derrière les murs d’Alfort, Toulouse, Lyon ou Nantes, les places sont peu nombreuses et la sélection serrée : à la rentrée 2023, seuls 705 étudiants ont intégré les ENV, toutes voies confondues, pour plus de 4 000 candidats (source : Ministère de l’Agriculture, chiffres 2023).

Pourquoi tant d’exigences ? Le métier mobilise des savoirs scientifiques solides, mais aussi une éthique, une capacité d’adaptation et une motivation durable. La diversité des profils recherchés (scientifiques purs, techniciens, littéraires, autodidactes) se reflète dans la variété des concours proposés — une particularité du modèle français.

Panorama des concours d’entrée aux écoles vétérinaires françaises

Il existe plusieurs voies d’accès principales, appelées OF (Origine de Formation), désignées par « concours A, B, C, D, et E ». Chacune cible des profils, parcours et âges différents.

Le concours A : l’accès post-prépa scientifique

  • Qui ?  Étudiants issus de classes préparatoires BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre)
  • Quand ?  2 ans après le bac
  • Nombre de places :  471 en 2023
  • Épreuves :  Écrit (physique, chimie, biologie, géologie, mathématiques, français, anglais), puis oral (sciences, LV, entretien)
  • Particularité :  C’est la voie la plus classique, la plus sélective numériquement (environ 1 chance sur 6)

Le concours B : après la licence universitaire

  • Qui ?  Étudiants titulaires au moins d’une L2 ou L3 en sciences (parcours bilogiques, chimiques, ou STU)
  • Nombre de places :  100 en 2023
  • Épreuves :  Dossier, puis épreuves écrites (QCM biologie, chimie, math, anglais), oral (entretien de motivation, discussion scientifique)
  • Particularité :  C’est la voie de rattrapage des étudiants n’ayant pas choisi ou réussi la prépa. En progression depuis quelques années.

Le concours C : pour les BTS, DUT, BUT et BTSA

  • Qui ?  Étudiants issus de formations techniques (BTS, DUT, BUT, BTSA en rapport avec le vivant)
  • Nombre de places :  50 en 2023
  • Épreuves :  Dossier, puis oral (motivation, connaissances et situation professionnelle)
  • Particularité :  Ouverture vers des profils technologiques et expérience terrain : un levier d’ouverture sociale.

Le concours D : vétérinaires étrangers diplômés hors-UE

  • Qui ?  Diplômés vétérinaires hors-Union Européenne, souhaitant exercer en France
  • Nombre de places :  10 places annuelles maximum
  • Épreuves :  Dossier, puis épreuves pratiques, scientifiques et de langue
  • Particularité :  Concours très spécialisé, avec ratio de réussite souvent inférieur à 20 %

Le concours E : via la « voie post-PACES » (1 année de médecine)

  • Qui ?  Étudiants ayant validé la première année des études de santé (MAES, PASS, L-AS). Cette voie a remplacé l’ancienne « voie E » PCEM1 (médecine).
  • Nombre de places :  74 en 2023
  • Épreuves :  Dossier, puis entretien (motivation et connaissances scientifiques)
  • Particularité :  Concours jeune mais en croissance, qui permet des passerelles avec la santé humaine

Pour consulter le détail et les dernières évolutions réglementaires, se référer au site officiel des ENV françaises, section « admissions » : https://www.veterinaire-education.fr/admissions/

Les épreuves clés : ce qui est vraiment évalué

Au cœur de chaque concours : moins la restitution encyclopédique, plus la capacité à mobiliser des acquis dans la réflexion, à structurer des raisonnements, à défendre un point de vue. Beaucoup de candidats surestiment la masse de connaissances attendue au détriment des attendus méthodologiques.

  • L’écrit : QCM, synthèse, dissertation scientifique, résolutions de problèmes, textes argumentatifs
  • L’oral : exposé sur un sujet inconnu, analyse de documents, entretien de motivation, parfois épreuves pratiques ou d’anglais

Pour la voie A (prépas), le niveau scientifique est proche du concours vétérinaire d’autres pays européens. Mais l’écart se joue souvent sur l’entretien ou l’oral de motivation : sont-jugés la cohérence du projet, la curiosité, la connaissance du métier, la prise de recul.

Stratégies de préparation : réussir l’écrit, s’imposer à l’oral

Pour les filières scientifiques (A et B)

  • Se préparer à l’écrit :
    • Exercices de concours blancs, annales, correction détaillée : le site du SCAV (Service des Concours Agro-Véto) publie chaque année les sujets (concours-agro-veto.net).
    • Maîtriser la rédaction scientifique (synthèse de documents, logique d’un raisonnement, rigueur de l’argumentation)
    • Mise à niveau ciblée : focus sur les points faibles (maths, chimie…)
  • S’entrainer à l’oral :
    • Simulations devant des camarades, anciens (“colles”)
    • Construction d’une présentation claire de son parcours et de son projet 
    • Anticipation des questions : connaissance des enjeux actuels (bien-être animal, transition alimentaire, zoonoses, etc.)

Pour les concours sur dossier et entretien (B, C, E)

  • Un excellent dossier :
    • Notes régulières, stages, engagements associatifs ou citoyens
    • Lettres de recommandation personnalisées
    • Mise en valeur d’un parcours original ou d’expériences atypiques (humanitaire, ferme, refuges, clinique, etc.)
  • Entretien de motivation :
    • Discours structuré, argumentation sur son engagement et ses choix
    • Se tenir informé des débats de la profession (évolution du statut des animaux, campagnes de communication, crise du recrutement rural…)
    • Attitude réfléchie face aux questions éthiques : par exemple la fin de vie animale ou la question de l’antibiorésistance

Conseils de vétérinaires et témoignages de candidats

Nombre d’étudiants sous-estiment l’apport des stages ou des expériences de terrain. Des vétérinaires en exercice soulignent que l’immersion “dans le réel” — quelques semaines en élevage, clinique rurale ou refuge — offre un discours incarné et crédible à l’oral. Les jurys apprécient particulièrement des exemples concrets, des doutes réfléchis ou des questions pratiques affrontées par le candidat. Il arrive que certains étudiants soient admis moins pour l’académisme que pour l’humilité lucide qu’ils affichent sur les réalités du métier.

À noter, témoignage récurrent : “J’ai été interrogée sur la différence entre la consultation en ville et la visite de troupeau ; sur les impacts de l’éco-régime PAC sur les pratiques… Et surtout, ils attendaient de moi une opinion construite, pas du récitatif.” (Étudiante, concours B, promotion 2022)

L’après-concours : ce que révèle la diversité des profils admis

En observant la mosaïque de parcours des étudiants entrant en écoles vétérinaires, plusieurs faits ressortent :

  • La proportion de primo-accédants (celles et ceux qui n’avaient pas d’antécédents vétérinaires dans leur cercle familial) progresse chaque année, désormais plus de 40 % selon les ENV.
  • Une place croissante pour les profils “non-prépa” : près d’1 étudiant sur 3 en 2022.
  • Le taux de réussite global reste bas (environ 20 %, toutes voies confondues), mais la satisfaction des étudiants admis demeure très supérieure à la moyenne des grandes écoles (source : enquête CGE 2022).

Cette ouverture progressive traduit la volonté des écoles et de la profession de faire place à l’engagement, à la curiosité et à la diversité sociale, pas seulement à l’excellence académique classique.

Aller plus loin : ressources utiles et diagnostics personnels

Les évolutions sociétales, écologiques et sanitaires élargissent peu à peu la définition de ce qu’est « un bon vétérinaire ». Les concours tentent de s’y adapter. Pour celles et ceux qui rêvent d’endosser cette mission, l’effort de préparation doit davantage être vu comme un chemin d’expérimentation de soi, qu’une ligne d’arrivée unique. Multiplier les expériences, s’informer et questionner la profession elle-même sont des clefs autant que la réussite académique.

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