11 mai 2025
Le quotidien des cliniques vétérinaires s'est complexifié au fil des années. Si les vétérinaires ont toujours été des travailleurs acharnés, la pression ressentie aujourd’hui provient d’une accumulation de facteurs.
Selon une enquête menée en 2022 par l'Ordre des vétérinaires en France, plus de 50 % des professionnels interrogés déclarent travailler régulièrement plus de 50 heures par semaine. Cette charge de travail est d’autant plus difficile à gérer qu’elle dépasse souvent les simples consultations ; elle inclut également les urgences, les tâches administratives, le management d’équipe et la formation continue.
La pénurie de vétérinaires, particulièrement marquée dans les zones rurales, contribue directement à cette surcharge. Un rapport publié par le Sénat en 2021 souligne que certains départements, notamment dans le centre et le nord-est de la France, manquent cruellement de vétérinaires, obligeant ceux déjà en poste à multiplier les heures.
Les attentes des clients jouent également un rôle dans la transformation des conditions de travail. Les propriétaires d’animaux de compagnie sont de plus en plus informés et exigeants en matière de soins vétérinaires. Ils souhaitent des services disponibles rapidement, un accompagnement personnalisé et des traitements au plus proche des standards de la médecine humaine. Si cette évolution traduit un changement positif dans la perception du bien-être animal, elle alourdit par ailleurs la charge mentale des vétérinaires et de leurs équipes.
En parallèle de ces défis, la technologie et les innovations offrent de nouvelles opportunités. Les vétérinaires d’aujourd’hui disposent d’outils qui étaient inimaginables il y a encore vingt ans. Ces avancées, bien qu'elles impliquent souvent un investissement financier et de temps, contribuent également à améliorer la qualité de vie au travail.
Avec la pandémie de COVID-19, les consultations vétérinaires à distance se sont démocratisées. Elles permettent de gérer des cas simples, d'offrir un premier diagnostic ou même de répondre aux questions générales des propriétaires d'animaux. Cette pratique peut potentiellement réduire les déplacements inutiles et alléger le programme des cliniques, bien qu’elle nécessite un cadre réglementaire spécifique pour garantir sa pertinence et sa légalité.
Du côté des équipements, l’échographie portable, les logiciels de gestion clinique ou encore les appareils d’analyse sanguine rapide permettent un gain de temps considérable tout en optimisant la qualité des soins. Ces outils redéfinissent la pratique quotidienne et parfois même la répartition des tâches, par exemple en automatisant une partie des tâches administratives ou en simplifiant les diagnostics complexes.
Les statistiques en la matière sont préoccupantes. Selon un rapport de l’AVMA (American Veterinary Medical Association) de 2020, les vétérinaires présentent un risque accru de troubles dépressifs et de burnout comparé à d’autres professions de santé. En France, ces tendances sont confirmées par plusieurs études menées par des organisations professionnelles telles que le SNVEL ou des associations comme Vetos-Entraide.
Face à cette réalité, des initiatives collectives voient le jour. Certaines cliniques adoptent une organisation du travail plus flexible, intégrant par exemple des demi-journées dédiées à la formation ou au repos compensateur. Par ailleurs, les groupes de parole et les réseaux de soutien entre confrères se multiplient pour briser le tabou qui entoure encore souvent la souffrance psychologique.
Pour répondre à ces enjeux, des sessions de formation et des conférences sur le bien-être au travail se développent dans les écoles vétérinaires, mais aussi dans des structures privées. Leur objectif est de sensibiliser les étudiants et les professionnels aux risques liés au stress, tout en leur fournissant des outils pratiques pour y faire face.
Face à ces constats, quelles solutions peuvent être envisagées pour améliorer durablement les conditions en clinique vétérinaire ?
Les conditions de travail en clinique vétérinaire ne cessent d’évoluer, portées par les défis mais aussi par les multiples ressources dont dispose aujourd'hui la profession. Les vétérinaires, passionnés par leur métier, sont prêts à s'investir pour offrir des soins de qualité tout en préservant leur propre bien-être. Cela nécessitera des efforts concertés, impliquant les pouvoirs publics, les organisations professionnelles et les vétérinaires eux-mêmes. En travaillant ensemble, ces acteurs peuvent imaginer des solutions adaptées, durables et en adéquation avec les ambitions profondes de ce métier : être au service du vivant, dans toute sa richesse et sa complexité.