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Horaires et rythmes de travail : comment le quotidien des vétérinaires varie selon leur spécialité

2 mai 2025

Les vétérinaires ruraux : au service des élevages

Dans les zones rurales, les vétérinaires jouent un rôle clé auprès des éleveurs et de leurs animaux. Ils interviennent aussi bien dans la médecine préventive (vaccinations, suivi des troupeaux) que curative (traitement des maladies, urgences vétérinaires). Leur rythme de travail est souvent dicté par les impératifs de l’élevage. Veaux qui naissent la nuit, vaches en situation de vêlage difficile ou autres urgences... les animaux ne connaissent pas de pause, et les vétérinaires s’adaptent.

Une journée typique peut démarrer à l’aube, avec des visites d’exploitation déjà programmées. Mais ce planning évolue souvent au fil des appels imprévus des éleveurs. Aux horaires classiques s’ajoute donc une grande part d’imprévus, rendant certains jours particulièrement longs et fatigants.

Une anecdote : lors des campagnes de prophylaxie (contrôle sanitaire obligatoire des troupeaux), les vétérinaires ruraux enchaînent les prélèvements sur des dizaines d’animaux par jour. Ces périodes intensives peuvent peser sur leur santé et équilibrer vie personnelle et professionnelle devient un véritable casse-tête.

Les gardes

Au-delà des journées bien remplies, il faut ajouter les périodes de garde de nuit ou de week-end. Une étude réalisée par le syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) montre que les vétérinaires en rural travaillent en moyenne 50 heures par semaine, avec des pointes jusqu’à 70 heures lors des périodes de garde.

Les vétérinaires pour animaux de compagnie : entre cliniques et consultations

Les vétérinaires qui soignent des animaux de compagnie travaillent principalement en milieux urbains ou périurbains. Leurs horaires sont souvent alignés avec les disponibilités de leurs clients, principalement des particuliers. Les consultations ont donc lieu durant les horaires d’ouverture classiques des cliniques, souvent de 8h à 19h, avec une pause déjeuner parfois écourtée pour répondre à la demande.

Un rythme intense, même en ville

Ce secteur peut sembler moins contraint par les imprévus, mais c’est souvent un mythe. Les urgences arrivent : un chien victime d'un accident, un chat souffrant de calculs urinaires ou un NAC (nouvel animal de compagnie) nécessitant une intervention rapide. Ces situations obligent fréquemment les vétérinaires à prolonger leurs heures ou à interrompre des consultations planifiées, générant de la fatigue physique mais aussi mentale.

Anecdote : dans certains cabinets urbains, le planning des vétérinaires est si chargé qu’ils voient jusqu’à 20 patients par jour, enchaînant consultations générales et chirurgies de convenance (comme la stérilisation).

Les urgences urbaines

En ville, certaines cliniques organisent aussi des permanences d'urgence, parfois mutualisées avec d'autres structures. Cela peut représenter une charge émotionnelle importante, les vétérinaires devant gérer des situations critiques parfois accompagnées de propriétaires désemparés. Le poids psychologique de ces consultations est particulièrement sensible dans ce domaine.

Les vétérinaires spécialisés : du bloc opératoire au laboratoire

Les vétérinaires spécialistes, qu'ils soient chirurgiens, comportementalistes ou spécialistes en ophtalmologie, mènent un rythme de travail différent. Leurs journées sont souvent structurées en fonction des cas complexes qu’ils traitent ou de leurs interventions programmées.

Les chirurgiens, par exemple, passent de longues heures au bloc opératoire, souvent debout, parfois concentrés sur des interventions qui durent plusieurs heures. Leur journée de travail peut ainsi être plus linéaire, mais la fatigue mentale liée à ce niveau de précision est conséquente.

Dans certains cas, ils peuvent également intervenir en tant qu'experts sur des cas référés par d'autres vétérinaires, les amenant à jongler entre consultations et interventions. À noter que cette spécialisation offre des horaires parfois plus prévisibles, mais nécessite tout de même une grande implication personnelle.

Les vétérinaires exerçant en santé publique : des horaires plus réguliers

En dehors de la pratique clinique, certains vétérinaires s'orientent vers la santé publique. Ils travaillent alors dans des administrations, des inspections ou des structures axées sur la surveillance sanitaire, comme la sécurité alimentaire ou dans des organisations internationales.

Le rythme de travail de ces vétérinaires est souvent aligné avec les horaires de bureau, soit environ 35 à 40 heures par semaine sur des créneaux typiques de 9h à 17h. Cependant, ces professionnels peuvent également être mobilisés lors de crises sanitaires majeures (grippe aviaire, peste porcine africaine, etc.), ce qui peut entraîner des périodes de surcharge temporaire.

Un rôle clé dans l'ombre

Bien qu’en retrait des milieux cliniques ou ruraux, ces vétérinaires tiennent une place cruciale dans la chaîne de santé publique. Leur expertise permet de prévenir la propagation de zoonoses (maladies transmissibles entre l’animal et l’homme) et d’assurer la sécurité des aliments dans nos assiettes.

Les vétérinaires des NAC et espèces exotiques : une expertise rare, des horaires atypiques

Enfin, les vétérinaires spécialisés dans les nouveaux animaux de compagnie (lapins, reptiles, oiseaux…) ou les espèces exotiques (faune sauvage captive, parcs zoologiques) affrontent des défis spécifiques. Le faible nombre de spécialistes dans ce domaine implique une forte demande, parfois incompatible avec un rythme de travail "normal".

Les consultations sur ces espèces demandent souvent plus de temps que pour un chat ou un chien, en raison de leur biologie particulière et de la nécessité d’explications pédagogiques aux propriétaires. Les vétérinaires travaillant dans des parcs zoologiques, pour leur part, peuvent être appelés à toute heure pour aider à la gestion d’une situation d’urgence impliquant des espèces rares ou précieuses.

Vers un équilibre pour la profession ?

La question des horaires et rythmes de travail des vétérinaires soulève des enjeux majeurs pour la profession. Entre surcharge de travail, pression émotionnelle et besoin de concilier vie personnelle et vie professionnelle, les vétérinaires sont confrontés à des défis quotidiens, quel que soit leur domaine d’activité. Heureusement, de plus en plus de structures tentent d’innover en organisant des mutualisations de gardes, en améliorant les plannings et en mettant en place des cellules de soutien psychologique pour prévenir le burn-out.

Ces pistes d’évolution méritent réflexion et mise en œuvre collective, car elles contribueront à pérenniser l’attractivité d’un métier essentiel, situé à la croisée du vivant et des attentes de notre société.

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