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Les nouveaux animaux de compagnie : un défi pour le savoir-faire vétérinaire français

5 octobre 2025

Un phénomène grandissant : la réalité du terrain

Depuis la fin des années 1990, la place des nouveaux animaux de compagnie, ou NAC, ne cesse de croître dans les foyers français. Si le terme regroupe rongeurs, reptiles, oiseaux, amphibiens et petits mammifères exotiques, il inclut aussi, pour certains, certains poissons et invertébrés. Selon la Facco/Kantar, on estimait en 2022 à plus de 12 millions le nombre de NAC (hors poissons) en France (FACCO). Cette dynamique transforme en profondeur les cabinets vétérinaires, tant sur le plan des compétences techniques qu’éthiques.

Au-delà de l’engouement médiatique, le “boom des NAC” modifie le rapport entre vétérinaires et clients, oblige à diversifier la panoplie des savoirs et des savoir-faire, et pose de nouveaux dilemmes professionnels. Ces changements s’accompagnent d’enjeux importants de santé animale, mais aussi de santé publique et de conservation.

Répertoire élargi et connaissances renouvelées : un challenge pour la formation

L’explosion des NAC remet en cause le modèle classique de la médecine vétérinaire, longtemps centré sur les carnivores domestiques et, dans une moindre mesure, sur les animaux de production. Chaque groupe d’animaux “exotiques” requiert des connaissances spécifiques — physiologie, comportement, pathologies, besoins environnementaux, traitements médicamenteux, et même… manipulation. Exemples concrets :

  • Les reptiles (lézards, serpents, tortues…) : il existe plus de 8000 espèces recensées, chacune ayant ses besoins thermiques et nutritionnels propres, et une pharmacocinétique singulière (source : AFVAC).
  • Les petits mammifères (octodons, furets, cochons d’Inde…) : leur faible poids complique l’administration des médicaments et la pratique d’actes médicaux ou chirurgicaux (pose de cathéters, anesthésie…).
  • Les oiseaux : la diversité des espèces, des régimes alimentaires et des besoins en environnement (luminosité, vol, enrichissement…) oblige à une approche individualisée.

Il est impossible pour un vétérinaire généraliste de maîtriser toutes ces particularités. Et la formation initiale en écoles vétérinaires françaises y réserve encore une place très limitée ; la majorité des étudiants reçoivent l’essentiel de leur bagage NAC en stages, après le diplôme ou grâce à la formation continue (voir la revue Vetofocus).

Le Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires a d’ailleurs recensé sur son site moins de 300 praticiens affichant une activité dominante “NAC” en France (chiffres 2023), alors même que la demande grand public explose.

De nouveaux outils, de nouveaux risques : s’adapter ou être dépassé ?

Le matériel et les protocoles traditionnels adaptés aux chiens et chats sont souvent inadaptés, voire dangereux pour les petits animaux exotiques :

  • Imagerie : les appareils de radiographie ou d’échographie nécessitent des réglages fins pour détecter une fracture de perruche ou un kyste chez un furet.
  • Soins quotidiens : la contention, l’administration des médicaments, ou même la prise de sang, demandent une dextérité et des outils spécifiques — tubes capillaires pour prélèvement, pinces atraumatiques, cages d’hospitalisation sécurisées, etc.
  • Protocoles anesthésiques : la sensibilité extrême des petits mammifères et de nombreux oiseaux impose un suivi constant (monitoring physiologique, réversibilité rapide).

Cette adaptation matérielle n’est ni anodine, ni sans coût : elle suppose non seulement des investissements financiers, mais aussi un engagement fort pour le développement professionnel.

L’absence de maîtrise des bonnes pratiques peut mener à des pronostics défavorables, voire à des accidents, source de stress professionnel pour les vétérinaires et d’insatisfaction pour les propriétaires.

Santé publique et biodiversité : de nouveaux enjeux éthiques et collectifs

Outre les aspects techniques, la montée des NAC place les vétérinaires face à des responsabilités nouvelles ou renouvelées :

  • Risques zoonotiques : Plusieurs espèces de NAC peuvent être porteuses d’agents zoonotiques (salmonellose chez les reptiles, psittacose chez les oiseaux…). Les vétérinaires jouent un rôle clé dans la prévention, l’information et la surveillance de ces risques (

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