vetfutursfrance.fr

Débuter comme vétérinaire : les défis et les réalités du terrain pour les nouvelles générations

21 mai 2025

Un métier en tension dès les débuts

Le métier de vétérinaire est en pleine mutation, et les jeunes diplômés ne sont pas épargnés par les défis systémiques auxquels la profession fait face. En France, selon une étude de l’Ordre National des Vétérinaires (2022), près de 48 % des jeunes vétérinaires déclarent avoir ressenti des niveaux élevés de stress ou de fatigue dès leur première année d’exercice. Dans un environnement marqué par une pénurie de main-d’œuvre, les horaires à rallonge et une demande croissante de soins complexes pour les animaux, beaucoup découvrent rapidement l’ampleur des défis.

La formation initiale, bien que rigoureuse et de haut niveau, ne prépare pas toujours les jeunes vétérinaires aux aléas de la réalité. Le décalage entre la théorie et la pratique peut entraîner un sentiment de désarroi, notamment lorsqu’il s’agit de prendre des décisions rapides ou de gérer des situations émotionnellement lourdes – comme un décès animalier ou une relation tendue avec un propriétaire d’animal. Cette charge mentale, bien qu’attendue, est souvent sous-estimée dans son impact quotidien.

Au cœur des défis : la quête d’un équilibre

Des journées interminables

Une enquête menée par le syndicat des vétérinaires libéraux en 2021 montre que la durée moyenne de travail des jeunes vétérinaires, particulièrement en milieu rural, dépasse souvent les 50 heures par semaine. Ce surinvestissement, souvent motivé par la passion et la volonté de se prouver, peut rapidement devenir un facteur d’épuisement. De nombreux témoignages évoquent des horaires imprévisibles, des week-ends sacrifiés et des nuits courtes après des gardes ou des urgences complexes.

Ce rythme effréné affecte directement la vie personnelle. Les jeunes professionnels se retrouvent souvent à jongler entre responsabilités professionnelles et aspirations personnelles, sans réelle distinction entre les deux sphères. À long terme, cette situation peut amener certains à envisager une réorientation ou une réduction de leur activité.

Des patients au cœur, mais des propriétaires exigeants

Travailler avec des animaux implique inévitablement d’interagir avec leurs propriétaires, et les attentes de ces derniers se sont considérablement accrues ces dernières années. Les jeunes vétérinaires témoignent parfois d’un déséquilibre dans les relations, notamment en raison de demandes parfois déraisonnables (soins à bas coût, délais irréalistes, etc.), ou encore d’une incompréhension des limites techniques ou éthiques.

Les situations tendues peuvent peser émotionnellement, d’autant plus qu’apprendre à communiquer de manière pédagogique et ferme est une compétence qui s’acquiert avec le temps. Dans les premières années d’exercice, cette compétence est encore en construction, ce qui augmente la pression sur les épaules des jeunes.

Les premières années : une occasion de croissance

Mettre en pratique des années d'apprentissage

Malgré les obstacles, ces premières années sont aussi pour beaucoup une période intense de croissance et d’apprentissage. Les jeunes vétérinaires découvrent le plaisir de résoudre leurs premiers cas complexes en autonomie et de voir leur maîtrise clinique évoluer au fil des mois. Rien ne vaut la satisfaction de réussir une opération compliquée ou de voir un patient se rétablir grâce aux soins prodigués.

Cette phase est également marquée par la création de liens solides avec des collègues, voire des mentors au sein des équipes. Travailler aux côtés de vétérinaires plus expérimentés peut souvent être un facteur déterminant pour prendre confiance et apprendre à gérer les imprévus.

Un contact renouvelé avec les animaux

L’aspect le plus gratifiant du métier reste souvent le contact direct avec les animaux. Au fil du temps, les jeunes vétérinaires développent une relation particulière avec leurs patients réguliers, en les voyant grandir ou se rétablir. Ces rencontres rappellent chaque jour pourquoi ils ont choisi cette voie, malgré la fatigue et les imprévus.

Améliorer l’accompagnement des jeunes vétérinaires

Face aux défis inhérents aux débuts dans la profession, il est essentiel de mettre en place des stratégies et des structures pour accompagner les vétérinaires dès leurs premiers pas. Voici quelques pistes qui mériteraient d’être renforcées :

  • La création de programmes de mentorat systématiques, jumelant jeunes diplômés et vétérinaires expérimentés pour un soutien à la fois technique et émotionnel.
  • Une sensibilisation accrue à la gestion du stress et à la conciliation vie professionnelle/vie personnelle dès les bancs des écoles vétérinaires.
  • L’amélioration des conditions de travail, notamment par une meilleure répartition du temps de travail et une reconnaissance salariale adaptée à l'investissement des jeunes.
  • Le développement de formations continues pour approfondir les compétences sur la gestion de la relation client ou l’intelligence émotionnelle, sujets cruciaux mais souvent peu abordés en formation initiale.

Un futur à construire ensemble

Les premières années d’exercice des jeunes vétérinaires cristallisent les espoirs mais aussi les tensions de toute une profession. Si elles sont riches de promesses, elles peuvent aussi être un moment de fragilité. Il devient urgent d’ouvrir le dialogue entre les générations, les structures et les institutions pour offrir aux nouveaux arrivants un cadre stable, valorisant et éthique.

Car derrière chaque jeune vétérinaire qui persévère, il y a une passion profonde pour le vivant, une vocation qui ne demande qu’à être cultivée. En bâtissant un environnement qui les soutient plutôt que de les écraser, la profession pourra continuer à se renouveler, tout en perpétuant les valeurs qui la rendent si essentielle pour la société et le bien-être animal. Ensemble, il est possible d’écrire une page plus équilibrée et enthousiasmante pour les vétérinaires de demain.

Pour aller plus loin

En savoir plus à ce sujet :