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Une vie de vétérinaire : équilibre ou sacrifice ? Décortiquons la réalité

5 mai 2025

Un métier passionnant… mais aussi exigeant

Être vétérinaire, c’est bien plus qu’exercer une simple profession : c’est embrasser un véritable mode de vie. Cependant, cette vocation s’accompagne d’un lot d’exigences qui peuvent peser lourd.

Des horaires souvent imprévisibles

Les journées d’un vétérinaire ne se limitent pas aux consultations programmées. L’imprévisibilité des urgences, fréquentes dans ce métier, prolonge souvent les heures de travail. En médecine rurale, où les interventions sur de gros animaux sont monnaie courante, les nuits d’astreintes peuvent rapidement empiéter sur la vie familiale. Les vétérinaires en clinique urbaine ne sont pas épargnés : horaires atypiques, week-ends et jours fériés travaillés sont aussi au rendez-vous.

Une étude menée par l’Ordre National des Vétérinaires en 2021 révélait que près de 70 % des vétérinaires déclarent avoir une charge de travail supérieure à 40 heures par semaine, une moyenne bien au-delà des 35 heures réglementaires en France.

Un stress omniprésent

Le stress professionnel est une constante dans le quotidien des vétérinaires. Gestion des cas critiques, pression des propriétaires d’animaux, crainte de l’erreur médicale, rythmes intenses et gestion administrative s’additionnent. Selon une enquête de la Fédération des Syndicats Vétérinaires de France (FSVF), 83 % des vétérinaires interrogés estiment que leur métier est émotionnellement exigeant.

Ce stress n’est pas sans conséquences : fatigue chronique, épuisement émotionnel et, dans certains cas, burn-out. Le bien-être mental est donc un enjeu central pour les vétérinaires d’aujourd’hui.

Les impacts sur la vie personnelle

Une frontière floue entre vie professionnelle et vie privée

Pour beaucoup de vétérinaires, la distinction entre travail et vie personnelle est difficile à maintenir. La nature du métier — qui implique un fort investissement physique et émotionnel — rend les « coupures » compliquées. Même hors des heures de travail, les appels d’urgence et les préoccupations liées aux patients peuvent rendre impossible un réel moment de déconnexion.

Par ailleurs, la vocation même du métier, basée sur la passion pour les animaux et le soin, peut faire passer la vie professionnelle au premier plan, reléguant au second plan les besoins personnels.

Des sacrifices relationnels

Les horaires étendus et l’énergie mobilisée au quotidien peuvent rendre complexes les relations amicales, familiales ou sentimentales. De nombreux vétérinaires rapportent devoir renoncer à des moments de qualité avec leurs proches en raison de leur emploi du temps. Chez certains jeunes diplômés, les contraintes du métier sont parfois incompatibles avec leurs aspirations à une vie équilibrée, poussant certains à envisager une réorientation professionnelle.

Des pistes pour un meilleur équilibre

Malgré ces contraintes, plusieurs évolutions permettent d’entrevoir des solutions pour mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle dans le métier de vétérinaire.

L’importance de l’organisation et de la délégation

Une gestion optimisée du temps de travail est une clé essentielle. L’organisation des plannings pour éviter les débordements, le partage des responsabilités au sein d’une équipe et la rotation des horaires d’astreinte sont des étapes essentielles. Certains cabinets optent pour des logiciels de gestion adaptés pour réduire le temps consacré aux tâches administratives et maximiser le temps disponible pour des activités personnelles.

De plus, un recours accru aux auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) permet de déléguer certaines tâches techniques ou administratives et de concentrer les vétérinaires sur les actes médicaux.

La montée en puissance du travail collaboratif

Travailler en équipe présente des avantages notables. Dans les structures multi-praticiens, il est plus facile de se relayer pour gérer les astreintes, organiser des congés annuels et réduire la surcharge de travail. Ces organisations facilitent la création de plannings plus adaptés aux besoins de chacun, réduisant ainsi les tensions associées à une mauvaise gestion du temps.

En 2022, l'effectif des structures collaboratives a augmenté de 12 % en France, confirmant une tendance à privilégier cette manière de travailler. Ce modèle est perçu comme plus durable à long terme.

La prévention du stress et du burn-out

Des initiatives se développent pour protéger la santé mentale des vétérinaires. Les groupes de parole entre professionnels, les formations en gestion du stress ou encore l’encouragement à pratiquer des activités de bien-être sont des pistes efficaces. Des associations comme Pas à Pas ou Vétos-Entraide soutiennent également les professionnels en difficulté, en proposant une écoute active et des ressources adaptées.

Enfin, le développement des thérapies brèves, du coaching professionnel et même de la méditation dans le milieu vétérinaire, est une tendance émergente qui aide les praticiens à préserver leur équilibre personnel.

Vers une transformation nécessaire du métier

Il semble clair que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle dans le métier de vétérinaire est aujourd’hui un enjeu majeur. Les efforts déjà engagés, qu’ils viennent des individus, des structures collaboratives ou des institutions, montrent que des solutions existent. Cependant, ces initiatives doivent encore être amplifiées et généralisées pour atteindre un véritable équilibre.

Redonner de la flexibilité aux plannings, encourager une juste reconnaissance du travail fourni, et sensibiliser aux impératifs de santé mentale ne sont pas des options, mais des nécessités. Les mutations en cours, qu’elles soient sociétales, technologiques ou médicales, pourraient bien devenir une opportunité de réinventer le métier.

Et vous, jeunes vétérinaires ou étudiants en santé animale, comment voyez-vous l’avenir de cette profession ? Quelles idées ou aspirations portez-vous pour concilier engagement fort et vie épanouie ?

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