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Rémunération des vétérinaires : comment le mode d’exercice influence les revenus

14 mai 2025

1. Comprendre les différents modes d’exercice

Avant de se plonger dans les chiffres, il est essentiel de poser un cadre en décrivant brièvement les principaux modes d’exercice des vétérinaires.

  • Vétérinaire salarié : Ces praticiens travaillent dans des structures vétérinaires (cliniques, cabinets ou centres hospitaliers) en tant qu’employés. Leur rémunération est définie par un contrat de travail et encadrée en partie par des grilles salariales.
  • Vétérinaire libéral : Les vétérinaires exerçant en libéral sont propriétaires ou associés au sein de leur structure. Leur revenu dépend des bénéfices générés par leur activité et est donc soumis à des variations selon la clientèle et la gestion financière de l’entreprise.
  • Vétérinaire mixte : Ce profil particulier regroupe les praticiens qui cumulent deux statuts, par exemple salarié dans une structure et extérieur en tant que libéral ou consultant.
  • Vétérinaire spécialisé : Enfin, les spécialistes (dentisterie, imagerie, chirurgie, etc.) ou les vétérinaires dans des secteurs “non cliniques” (industrie pharmaceutique, recherche, enseignement) disposent de rémunérations spécifiques et, parfois, plus élevées.

2. Le vétérinaire salarié : des débuts parfois difficiles

Pour un vétérinaire salarié, le revenu varie principalement selon l’expérience, la spécialisation et la localisation géographique. Au démarrage de leur carrière, beaucoup de jeunes praticiens se retrouvent sur la grille de rémunération conventionnelle.

Selon la convention collective vétérinaire, un débutant perçoit environ 2000 € bruts par mois. Après quelques années d’expérience (3 à 5 ans), ce chiffre peut évoluer pour atteindre ou dépasser 2500 € à 3000 € bruts mensuels. Cependant, dans des cliniques situées dans des zones rurales ou moins attractives, les salaires peuvent parfois inclure des avantages, tels que le logement ou des primes, pour attirer de nouveaux talents.

Les limites de cette rémunération s’expliquent notamment par le modèle économique des petites structures, où le coût de fonctionnement reste élevé et peut freiner les salaires. Pourtant, les vétérinaires salariés bénéficient d’une certaine stabilité de revenus et d’avantages sociaux, comme des congés payés ou une couverture sociale classique.

3. Le vétérinaire libéral : une rémunération à hauts risques... mais à haute rentabilité ?

Le profil de vétérinaire libéral est souvent associé à des revenus plus fluctuants et à une prise de risques entrepreneuriale accrue. En moyenne, un praticien libéral peut escompter un revenu annuel net oscillant entre 50 000 € et 90 000 €, mais cela peut varier en fonction de plusieurs facteurs :

  • L’activité principale : Certaines spécialisations (chirurgie, NAC, imagerie) génèrent des revenus plus importants que des consultations standard.
  • La localisation : Les cliniques en zones urbaines denses affichent souvent des chiffres d’affaires plus élevés que celles en milieu rural.
  • La gestion financière : Le choix de déléguer certaines tâches à des auxiliaires vétérinaires (ASV) ou d’investir dans des équipements performants influence directement le bénéfice net.

Bien entendu, ces chiffres intègrent des frais souvent oubliés dans les comparaisons : charges sociales, investissements dans le matériel, taxes diverses, et cas particuliers comme la TVA sur les produits vétérinaires (20 % en France). Les revenus sont donc directement liés à une gestion rigoureuse et une compétence entrepreneuriale que tous les praticiens ne possèdent pas à l’origine.

4. Entre deux mondes : le vétérinaire mixte

Certains vétérinaires choisissent de bénéficier des avantages des deux statuts. Salariés à mi-temps dans une structure et libéraux le reste de la semaine, ils peuvent optimiser leur rémunération tout en diversifiant leurs activités.

En général, ce mode d’exercice hybride permet de cumuler un revenu net mensuel global allant de 3000 € à 6000 €, selon la charge de travail et l’équilibre recherché. La difficulté réside cependant dans l’organisation et la gestion administrative doublée — notamment en ce qui concerne les obligations fiscales.

5. Spécialisation et secteurs alternatifs : un autre regard sur la rentabilité

Enfin, une mention spéciale doit être donnée aux vétérinaires exerçant dans des secteurs hors clinique. Ils peuvent avoir des niveaux de rémunération bien supérieurs à ceux en cabinet traditionnel.

  • Dans l’industrie pharmaceutique, il n’est pas rare de croiser des vétérinaires percevant un salaire annuel brut supérieur à 80 000 €, voire plus pour des postes à haute responsabilité (directeur médical, chef de recherche, etc.).
  • Dans la recherche ou l’enseignement supérieur, les revenus sont plus variables. Un enseignant-chercheur débutant est rémunéré selon les grilles universitaires, autour de 2200 € à 2500 € nets, mais ce chiffre peut grimper avec l’ancienneté et des responsabilités accrues.
  • Les spécialistes cliniques (chirurgiens, ophtalmologistes, etc.) exerçant dans des centres de pointe peuvent espérer des revenus supérieurs, parfois proches ou dépassant les 10 000 € bruts mensuels, en fonction de la reconnaissance de leur expertise et de leur clientèle.

6. Quel futur pour les revenus vétérinaires ?

La rémunération des vétérinaires, quel que soit leur mode d’exercice, est en pleine réflexion dans la profession. Les enjeux économiques, l’inflation et l’évolution des attentes sociétales (comme la limitation du temps de travail ou la montée en compétence des auxiliaires vétérinaires) influencent nécessairement ce panorama.

Si les chiffres montrent des disparités importantes, il est essentiel de garder à l’esprit que chaque mode d’exercice vient avec ses propres avantages et inconvénients. Ce choix stratégique, souvent guidé par les aspirations personnelles, devrait être mieux accompagné et éclairé dès les études vétérinaires.

Enfin, une tendance semble se dessiner : la diversification des activités et des secteurs pourrait devenir un levier d’amélioration de la rémunération, mais aussi d’équilibre et de satisfaction professionnelle.

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