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Concours ENV post-bac : Décrypter un passage exigeant vers les écoles vétérinaires

3 novembre 2025

Une voie d’accès très convoitée et trop peu connue

Le concours post-bac ENV (École Nationale Vétérinaire) suscite beaucoup d’ambition chez les lycéens français férus de sciences et d’animaux, mais reste souvent mal compris. Depuis 2021, une nouvelle voie d’accès dite « Concours post-bac » permet aux bacheliers de rejoindre directement l’une des quatre écoles nationales vétérinaires de France (Alfort, Lyon, Toulouse, Nantes), en parallèle des filières traditionnelles (CPGE, concours B, C). Cette passerelle innovante répond à deux enjeux majeurs : ouvrir la profession à davantage de profils, et adapter le recrutement à l’évolution des attentes scolaires et sociétales (source : Ministère de l’Agriculture, 2023).

Pourquoi un système post-bac ? Quand et comment est-il né ?

La création de ce concours s’inscrit dans un contexte de crise des vocations, avec un nombre de vétérinaires formés en France jugé insuffisant face aux besoins croissants des sociétés humaines et animales (source : CNOV). Jusqu’en 2020, l’essentiel du recrutement se faisait après deux années de classes préparatoires intensives ou une licence. Or, la diversification des profils devenait urgente : origine sociale, genre, parcours scolaire… autant de dimensions que la filière post-bac cherche à rééquilibrer.

La promotion 2021-2022 a vu arriver ses premiers étudiants recrutés via ce concours. Depuis, la procédure n’a cessé d’être adaptée en réponse aux retours d’expérience, dans une logique d’amélioration continue.

Un concours sélectif dans Parcoursup : chiffres clés et places disponibles

L’accès aux ENV via le concours post-bac est intégré à la plateforme Parcoursup. Tous les lycéens en terminale générale (spécialités scientifiques fortement recommandées) sont éligibles à s’y inscrire. La sélection est rude : pour la rentrée 2023, 160 places étaient ouvertes au niveau national, à répartir entre les quatre écoles (soit 40 places par établissement environ) (source : Vétosup, 2023).

Mais la demande explose. En 2023, près de 7 000 candidats ont postulé pour ces 160 places, ce qui place le taux de sélection à moins de 2,5 %. À titre de comparaison, le nombre total d’étudiants admis chaque année dans toutes les filières vétérinaires françaises frôle les 700 pour plus de 15 000 candidats tous concours confondus (source : ENV Lyon, rapport annuel).

  • Nombre de candidats post-bac ENV 2023 : ≈ 7 000
  • Nombre de places offertes : 160
  • Taux de sélection : ≈ 2,3 %
  • Total étudiants en 1ère année tous concours : ≈ 700

Organisation du concours : mode d’emploi et épreuves

Le concours post-bac ENV ne se limite pas à l’examen du dossier scolaire. Il comporte plusieurs étapes, dont le détail mérite d’être précisé :

  1. Sélection sur dossier via Parcoursup Les critères principaux :
    • Excellence du parcours scolaire en 1ère et Terminale (maths, physique-chimie, biologie-écologie, français, LV1, etc.)
    • Baccalauréat général obligatoire, spécialités scientifiques très fortement recommandées (« SVT », « Mathématiques », « Physique-chimie »)
    • Motivation, appréciations des enseignants
    • Engagements extra-scolaires (stages, bénévolat, expériences en rapport avec les animaux ou la santé)
    À cette étape, plus de 90 % des candidats sont éliminés.
  2. Épreuves écrites nationales Seuls les candidats retenus après l’examen du dossier sont convoqués pour des épreuves nationales au printemps :
    • Biologie (2h) - coefficient 3 : QCM, analyse de documents scientifiques, problématiques autour du vivant animal et végétal
    • Physique-chimie (2h) - coefficient 3 : exercices classiques, résolution de problèmes tirés de la vie quotidienne et du domaine vétérinaire
    • Mathématiques (2h) - coefficient 3 : raisonnement, calculs, modélisation appliquée
    • Français/philosophie (1h30) - coefficient 2 : dissertation ou synthèse, essentiellement sur des thèmes liés à l’éthique ou au rôle du vétérinaire dans la société
  3. Entretien individuel (oral) Nouveauté instaurée par certaines ENV dès 2022 : un entretien oral devant un jury composé d’enseignants, praticiens et étudiants :
    • Analyse de motivation
    • Réflexivité sur les expériences personnelles avec le vivant
    • Esprit critique sur l’actualité scientifique ou vétérinaire
    L’objectif est de mieux cerner la dimension humaine, l’esprit d’équipe et la capacité de résilience des candidats.

Une forte pondération est accordée au socle scientifique, mais l’engagement et les qualités humaines sont de plus en plus valorisés.

Profil idéal… et réels étudiants admis : diversité vs excellence scolaire ?

Si le profil académique prime, le jury scrute aussi la capacité du candidat à se projeter dans la réalité du métier, loin des clichés. Les ENV insistent sur l’importance de l’exploration du monde animal hors des cours : stages en clinique, participation à des associations, découverte des filières agricoles ou de la faune sauvage.

L’ENV d’Alfort détaille ainsi que plus de 70 % des admis en 2023 avaient réalisé au moins deux stages en structure vétérinaire (source : Rapport ENV Alfort 2023). Autre donnée intéressante : la féminisation du recrutement est marquée, avec près de 85 % de filles admises via la filière post-bac, reflet d’un mouvement de fond observé chez les futurs vétérinaires.

  • Exigence académique : notes >16/20 en spécialités scientifiques au lycée
  • Engagements concrets et motivés en dehors du cursus scolaire
  • Diversité des profils sociale encore limitée, mais en progression

Enjeux d’équité et ouverture sociale : le défi du concours ENV post-bac

Malgré ce nouveau canal d’accès, la diversité sociale des étudiants intégrant les ENV reste faible. Un rapport du Sénat en 2022 pointe que « la majorité des admis sont issus de familles de cadres ou professions intellectuelles supérieures » (source : Sénat, rapport 2022, "Vétérinaire, une vocation en mutation"). L’absence de quotas, les inégalités d’accès aux stages et l’autocensure des lycéens issus des zones rurales ou défavorisées constituent des freins persistants.

Certaines écoles, comme l’ENV de Toulouse, lancent des dispositifs d’accompagnement (tutorat, stages « découverte » pour élèves boursiers…) afin de mieux faire rayonner le concours et d’identifier de nouveaux talents.

Préparer le concours : stratégies, ressources et conseils issus du terrain

La sélectivité du concours post-bac ENV exige rigueur, anticipation et prise d’initiative. Quelques conseils recueillis auprès de récents admis et d’enseignants en collèges vétérinaires :

  • En terminale, travailler régulièrement les notions de biologie, physique-chimie, maths au-delà du programme du bac, en particulier sur les sujets transdisciplinaires
  • Consulter les annales publiées par les ENV et des ouvrages spécialisés récents
  • Miser sur la rédaction de la lettre de motivation : elle doit être personnelle, sincère, argumentée, loin des modèles standards
  • Multiplier les expériences de terrain : même un stage court en refuge animalier ou à la SPA est valorisé
  • Acquérir une veille régulière sur les actualités vétérinaires (maladies émergentes, enjeux environnementaux, rôle des vétérinaires dans la santé publique…)

De nombreux étudiants soulignent l’intérêt du travail en petits groupes, de forums ou de réseaux d’entraide, pour échanger des fiches, discuter des épreuves, et se préparer à l’oral.

Après le concours : parcours et perspectives des admis par la voie post-bac

Rejoindre une ENV directement après le baccalauréat engage vers un cursus de six ans, alternant enseignements scientifiques, cliniques, et stages pratiques. L’intégration des étudiants de la filière post-bac dans les promotions a été jugée très satisfaisante : ces profils, plus jeunes mais souvent très autonomes, apportent un regard dynamique et pèsent dans l’évolution de l’enseignement.

Selon la dernière enquête de l’ONISEP (2023), la réussite des étudiants recrutés par voie post-bac est comparable à celle des autres filières, avec un taux d’obtention du diplôme vétérinaire supérieur à 94 % à cinq ans.

Filière Taux de réussite en 5 ans
Post-bac ENV 94 %
CPGE (filière A/B) 92 %
Filières universitaires (B/C) 89 %

Les métiers accessibles après le diplôme restent variés : médecine des animaux de compagnie, rurale, faune sauvage, industrie agro-alimentaire, recherche, enseignement, administration vétérinaire…

Défis et évolutions en réflexion : vers un concours plus ouvert ?

L’avenir du concours post-bac ENV dépendra de sa capacité à conjuguer excellence scientifique, ouverture sociale et adaptation permanente aux transformations du monde vétérinaire. Une réévaluation régulière de ses modalités, l’élargissement des passerelles, des quotas expérimentaux, mais aussi une communication accrue vers les lycées ruraux figurent parmi les pistes à suivre (source : Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires).

Réunir des jeunes passionnés, mais aussi capables d’innovation, d’écoute et de capacité d’action au service du vivant : telle est la mission, encore en pleine mutation, du concours ENV post-bac.

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