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Vétérinaire salarié ou libéral : quel modèle séduit le plus aujourd’hui ?

29 mai 2025

Un paysage en transformation : le vétérinaire face à ses choix de statut

Historiquement, le modèle du vétérinaire libéral a dominé la profession. Maître de son emploi du temps, gestionnaire de sa clientèle, ce statut incarnait une certaine autonomisation et un idéal professionnel reconnus. Toutefois, les réalités de terrain ont progressivement modifié ce tableau. Selon une enquête de l’Ordre des vétérinaires en 2022, 37 % des vétérinaires en poste exercent aujourd’hui en tant que salariés, contre seulement 26 % il y a dix ans. Une évolution qui invite à explorer les motivations derrière cette bascule.

Les générations Y et Z, notamment, placent différemment leurs priorités professionnelles. L’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, les charges administratives ou encore la quête d'une sécurité financière stable constituent des critères souvent avancés par les jeunes praticiens qui préfèrent s’orienter vers un contrat salarié. D’un autre côté, les vétérinaires d’expérience expriment parfois une nostalgie envers un modèle libéral qui valorisait indépendance et créativité, mais au prix, il est vrai, de lourdes responsabilités. Ainsi, tout le débat repose sur cette balance entre liberté et contraintes, sécurité et flexibilité.

Les atouts et limites du statut de vétérinaire salarié

Les avantages

Le statut de salarié offre plusieurs atouts non négligeables, en particulier dans un environnement professionnel souvent exigeant :

  • Sécurité financière : Travailler en tant que salarié garantit un revenu fixe, même en cas de baisse d’activité. Cela permet de se prémunir contre l'incertitude des revenus fluctuants, problématique commune chez les libéraux.
  • Charge mentale atténuée : Le vétérinaire salarié ne porte pas la responsabilité de la gestion administrative, financière et stratégique d’une clinique. Cela lui permet de se recentrer sur son rôle médical.
  • Meilleur équilibre personnel : Les horaires, bien que parfois denses, sont moins imprévisibles que pour un libéral. De nombreux contrats salariés comprennent des dispositions pour limiter les astreintes nocturnes ou de week-end.
  • Accès facilité à la formation : Les structures qui emploient des vétérinaires salariés (groupes vétérinaires, cliniques franchisées, ou laboratoires) financent parfois des formations continues, ce qui favorise le développement professionnel.

Les inconvénients

Le statut salarié convient-il à tous les profils ? Peut-être pas :

  • Moins d’autonomie : Contrairement au libéral, le salarié doit se conformer aux décisions et stratégies de sa hiérarchie, ce qui peut restreindre son pouvoir décisionnel dans certains cas.
  • Rémunération plafonnée : Si le revenu est sécurisé, les perspectives d’évolution salariale dépendent de l’employeur et peuvent parfois frustrer.
  • Une certaine routine : Le vétérinaire salarié peut avoir l’impression de reproduire les mêmes gestes ou actes médicaux, avec moins d’opportunités pour diversifier ses pratiques ou entreprendre des projets innovants.

Le vétérinaire libéral : entre liberté et responsabilité

Les avantages

Être à son compte reste une aspiration pour de nombreux vétérinaires, et ce modèle présente encore aujourd’hui des avantages importants :

  • Autonomie totale : En tant que chef d’entreprise, le vétérinaire libéral a la liberté de choisir ses horaires, ses services et la manière de gérer sa clientèle.
  • Perspectives financières : Si la clinique est florissante, ce statut permet de mieux capitaliser sur les bénéfices. Le potentiel de revenus est ainsi plus élevé, bien que fluctuant.
  • Possibilité d'innover : La gestion d’une clinique offre la possibilité d’investir dans de nouveaux équipements, d’étendre les services ou de spécialiser son activité selon ses préférences.

Les inconvénients

Malgré ses atouts, le statut de libéral n’est pas exempt de défis :

  • Charge administrative : La gestion des ressources humaines, comptabilité, fiscalité ou encore obligations légales représente un poids non négligeable pour le vétérinaire entrepreneur.
  • Manque de régularité des revenus : Contrairement au salarié, les revenus d’un libéral varient selon l’activité, les saisons ou les crises économiques.
  • Engagement personnel : Les horaires peuvent être extensifs, avec une charge de travail importante, des astreintes fréquentes et une pression constante liée à la réussite financière.

Et demain ? Vers un équilibre entre les deux modèles ?

Le débat entre salariat et libéral est loin d’être figé. Certaines formes hybrides voient le jour : par exemple, des associés gérant leur clinique tout en se rémunérant eux-mêmes comme des salariés, ou encore des praticiens qui alternent entre des missions salariées et des périodes de libéral en indépendant. Les grands groupes vétérinaires, eux, jouent aussi un rôle pivot en proposant des modèles organisationnels qui intègrent des approches mixtes.

Les évolutions sociétales et professionnelles influencent également cette tendance. Par exemple, la féminisation de la profession – 56 % des vétérinaires en activité sont des femmes selon une étude de l’Ordre des vétérinaires publiée en 2021 – contribue à renforcer la quête d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, souvent mieux garanti par le salariat traditionnel.

De plus, les enjeux écologiques et sociétaux redessinent les contours de la pratique vétérinaire. Cette transition impose aux vétérinaires, qu’ils soient salariés ou libéraux, de réévaluer leur place dans la société et les attentes à leur égard : promotion de la santé publique, sensibilisation à la biodiversité, ou encore réduction des impacts environnementaux de leur pratique.

Conclusion ouverte : au-delà du choix du statut, inventer une nouvelle vision du métier

Le choix entre salariat et libéral ne repose pas sur une réponse universelle mais bien sur des aspirations personnelles, des attentes professionnelles et un contexte en perpétuelle transformation. Chaque statut a ses forces et ses limites. Peut-être que l’avenir du métier passe par une diversification des modèles et une plus grande souplesse permettant à chaque vétérinaire de trouver sa pleine place.

Et vous, quelle sera votre vision du métier demain ? Ces mutations du statut traduisent une quête plus large : rendre le métier de vétérinaire plus humain, plus adapté aux enjeux contemporains, et toujours au service du vivant.

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